• Prix François Bourdon – Alain BELMONT, professeur d’Histoire moderne à l’université Grenoble 2 et membre du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (UMR CNRS 5190) :“La Pierre à pain. Les carrières de meules de moulins en France, du Moyen âge à la révolution industrielle.”Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, tome 1 231 pages et tome 2, 332 pages.

2007-DSC02527Alain Belmont nous livre, dans ce remarquable ouvrage d’une lecture particulièrement facile, le fruit de douze années de fouilles archéologiques, de recherches en archives et en laboratoire. La Pierre à pain raconte une épopée dont nous avions perdu le souvenir : les efforts inouïs accomplis par les hommes du passé pour disposer chaque jour d’un pain à la fois beau et sain.
Afin que leur aliment principal ne soit plus infesté par du sable et des graviers qui coloraient la mie d’une teinte disgracieuse, et surtout leur limaient les dents aussi sûrement qu’une râpe d’acier, nos ancêtres du Moyen Age et de l’Epoque Moderne ont équipé leurs moulins avec des meules taillées dans des roches aux propriétés particulières et provenant de carrières spécifiques, les meulières.
Ces meulières ne furent d’abord que de petits carrières alimentant de temps en temps le moulin du village en meules caractérisées par leur médiocrité ; mais, progrès aidant, elles furent peu à peu remplacées par des sites gigantesques, employant des milliers d’ouvriers et expédiant des montagnes de pierres d’excellente qualité jusqu’à l’autre bout de la Terre.
C’est grâce à ces entreprises d’ampleur industrielle et grâce au savoir-faire développé par des générations de meuliers que la France est devenue le pays du meilleur pain du monde. Un siècle après leur abandon, les meulières laissent derrière elles des vestiges souvent spectaculaires, avec leurs fronts de taille étirés sur des kilomètres et perçant le sol de rouelles géantes. Elles constituent un patrimoine remarquable de l’histoire du travail et de la vie quotidienne, qu’on s’efforce à présent de protéger et de mettre en valeur.

 

  • Prix Jeune chercheur – Anne-Pauline SEBILLE :“Portillon, un quartier industriel tourangeau (1830-1940).”

Anne-Pauline Sebille, aujourd’hui résidente en Angleterre, a réalisé son Master sous la direction de monsieur Jean-Marie Moine, professeur à l’université François-Rabelais de Tours et spécialiste de l’histoire de la sidérurgie.
Partant d’une interrogation succincte : « Que font deux cheminées d’usine au milieu d’un quartier résidentiel ? », l’auteur retrace dans son mémoire le passé industriel d’un quartier tourangeau, situé au bord de la Loire.
Trois fabriques ont rythmé la vie de cette banlieue entre 1830 et 1940 : d’abord, deux fours à chaux ; puis, une usine de produits chimiques ; enfin, une fonderie.
L’intérêt de ce mémoire est double. D’une part, il retrace les stratégies des différentes entreprises afin d’attirer et de conserver leur clientèle (innovations de procédé, qualité des produits, souci de la santé des ouvriers et gestion du capital). D’autre part, il souligne les bouleversements qui ont affecté la population locale d’un point de vue démographique, environnemental et d’évolution des mentalités.
Ce travail permet de découvrir les mutations économiques et sociales engendrées par l’installation d’industries dans un département rural.

 

  • Prix spécial – Charles BARTHEL – Mention spéciale pour l’intérêt scientifique de l’histoire de cette période charnière pour l’industrie sidérurgique européenne :“Bras de fer. Les maîtres de forges luxembourgeois, entre les débuts difficiles de l’UEBL et le Locarno sidérurgique des cartels internationaux – 1918-1929.”

Charles Barthel nous livre un ouvrage qui met en relief les actions des maîtres de forges du Luxembourg face à l’environnement industriel, commercial et diplomatique changeant de l’Europe des années 1920.
Comment les patrons d’un petit pays peuvent-ils résister au poids écrasant exercé par leurs voisins? Depuis l’armistice de Rethondes jusqu’à l’expiration du régime des contraintes économiques dictées à Versailles, leur latitude fort restreinte les oblige de s’accommoder des impérialismes français et belge, qu’ils montent cependant habilement les uns contre les autres pour retirer leur épingle du jeu.
A partir de 1925, dans une Europe plus équilibrée grâce au retour en force de l’Allemagne, des perspectives plus riantes se dégagent soudain. Le rapprochement germano-luxembourgeois (notamment dans la question sarroise) et la formation de l’Entente Internationale de l’Acier permettent en effet à Emile Mayrisch de trouver une place de choix dans le Locarno sidérurgique. En même temps, le retrait des capitaux français investis au pays ouvre la voie à une collaboration renforcée avec les aciéries wallonnes désormais ralliées à un effort commun de défense contre les concurrents de la Ruhr et de l’Hexagone.