• Prix François Bourdon : Ronan PERENNES, pour sa thèse : « La métallurgie bretonne et ses réseaux, XVIe-XIXe siècles ». Thèse
    de doctorat en histoire soutenue le 13 décembre 2024 à l’Université de Bretagne Occidentale, sous la direction de Philippe Jarnoux. 854 pages dont 233 pages d’annexes.

Cette thèse est de facture très classique ce qui fait son intérêt : tous les aspects du sujet sont finement analysés et sérieusement documentés. L’analyse montre également comment cette industrie bretonne née deux siècles avant la révolution a traversé cette époque et celle de l’empire. On assiste ainsi à la naissance de la métallurgie bretonne à la fin du XVème siècle dans un contexte d’énergies largement disponibles (le bois et l’eau), mais en présence d’un réseau de transports terrestres tout juste rénové et ne permettant pas de transférer des charges lourdes sur de longues distances. Au début du XVème siècle la demande croissante des besoins, d’abord militaires, puis liés aux développements techniques de l’agriculture engendre la croissance de cette industrie naissante. Enfin, c’est trop souvent méconnu, la création des sites métallurgiques est souvent liée à l’initiative personnelle de nobles cherchant à se procurer des revenus nouveaux. C’est ce triptyque (énergie, transport, capitaux) que l’on retrouve tout le long de la thèse et dont l’auteur montre combien sa liaison avec l’évolution technique et la situation politique conduiront d’abord à une sorte d’âge d’or au XVIIIème siècle, pour entamer un lent déclin tout le long du XIXème siècle sous l’effet conjugué de la raréfaction du minerai et du bois, du développement de la concurrence du fait de l’avènement du rail et des besoins croissant en capitaux liés à l’utilisation du coke et de la machine à vapeur. L’auteur montre également combien le développement de cette industrie en milieu rural a profondément modifié les relations pour l’usage du bois et de l’eau et a finalement façonné le paysage par la création de routes et de retenues d’eau.

  • Prix Jeune chercheur : Rebecca FLORE, pour son mémoire de master : « La photothèque de la Chambre syndicale de la sidérurgie française : valeurs et usages de l’image de l’industrie dans la France des Trois Glorieuses », mémoire de recherche en histoire, soutenu le 24 juin 2024 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Eléonore Challine, 282 pages dont 150 pages d’annexes.

L’autrice résume ainsi son mémoire de master2 « Ce mémoire s’intéresse au fonds photographique de la Chambre syndicale de la sidérurgie française (CSSF), constitué de plus de 4 000 tirages rassemblés entre 1957 et le début des années 1970, et conservé au Féru des sciences (à Jarville-La Malgrange près de Nancy). Elle démontre comment ces photographies ont servi à promouvoir la modernisation industrielle et à soutenir le mythe des «Trente Glorieuses » en France. La première partie de l’étude offre un aperçu général du fonds, détaillant les stratégies de collecte et de classement des images ainsi que les thématiques principales qui y sont traitées. La deuxième partie analyse les caractéristiques esthétiques des photographies et montre comment celles-ci servent à glorifier les bienfaits de la productivité et de la modernisation de l’industrie sidérurgique française. La troisième partie analyse la construction sociale et historique des messages véhiculés par ces images, démontrant leur rôle dans la diffusion du discours modernisateur de la CSSF. Bien que limitée par une datation imprécise des photographies et l’absence de négatifs, cette recherche apporte une nouvelle perspective sur le rôle des images dans les stratégies de communication mises en place au cours des « Trente Glorieuses » et ouvre de nombreuses pistes pour des recherches complémentaires. » Le jury a particulièrement apprécié un mémoire de grande qualité, très pertinent et riche sur la rhétorique du progrès et de la modernisation, parfaitement en phase avec le périmètre du prix, Cette recherche apporte une nouvelle perspective sur le rôle des images dans les stratégies de communication mises en place au cours des « Trente Glorieuses ». Elle met aussi en valeur, de façon inédite, un fonds d’archives photographiques, s’appuie sur une bibliographie remarquable et développe une réflexion épistémologique pertinente sur la photographie industrielle.